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Comment répartir la richesse ? (ou la répartition de la valeur ajoutée)

Comment répartir la richesse ? (ou la répartition de la valeur ajoutée)

Le partage de la valeur ajoutée est le problème essentiel en économie. La majorité des questions économiques sont rattachées de près ou de loin au partage des richesses produites dans l’économie.

1. Comment se partage la valeur ajoutée (VA) ?

a. D'où vient la VA ?

La VA représente les richesses produites dans les entreprises lorsqu’elles transforment les biens et les services pour leur production. La somme de ces VA forme d’ailleurs le Produit intérieur brut marchand (PIB) auquel il faudra rajouter les richesses produites par les administrations (PIB non marchandqui est évalué par les coûts de ces administrations) pour avoir le PIB total, c'est-à-dire les richesses produites en France.

b. Le calcul économique de l'entreprise

Pour obtenir cette valeur ajoutée, les entreprises doivent soustraire à leur chiffre d’affaires les valeurs créées par d’autres entreprises. L’entreprise achète des biens et des services qu’elle va détruire ou transformer pour produire ; on appelle cela les consommations intermédiaires. Cette valeur ajoutée a été produite grâce aux facteurs de production que sont le travail et le capital ; l’essentiel du partage de la valeur ajoutée va se faire entre ces facteurs. Les salariés vont toucher leurs salaires (environ 60% de la VA), primes…, l’État va prélever les impôts, les taxes et les cotisations sociales et enfin le reste ira à l’entreprise pour la rémunération du capital (environ 30% de la VA). On appelle ce reste l’excédent brut d’exploitation (EBE), c’est-à-dire le bénéfice brut. À partir de cet EBE, l’entreprise va verser des dividendes à ses actionnaires (si c’est une société anonyme) et payer les intérêts de ses emprunts. Il faut ajouter les intérêts et les dividendes qu’elle va recevoir de ses placements pour obtenir l’épargne brute, autrement appelé bénéfice net. Elle pourra ensuite utiliser cette épargne brute pour financer ses nouveaux investissements (ou constituer des réserves) ou alors faire des placements financiers.

2. Les enjeux du partage de la VA

a. Le partage de la VA pendant les Trente Glorieuses

Pendant les Trente Glorieuses, ce sont plutôt les salariés qui ont profité de ce partage car il y a un manque de main-d’œuvre et donc les entreprises sont obligées de proposer des salaires corrects pour garder leurs salariés. Le taux de rotation de la main d’œuvre est fort car les conditions de travail sont éprouvantes du fait de l’application systématique des méthodes tayloristes et fordistes du travail (travail à la chaîne, surveillance des cadences, gestes rapides et répétitifs…). De plus, les syndicats sont puissants, l’essentiel des ouvriers adhèrent à ces organisations et sont solidaires. Les conflits sont donc à l’avantage des salariés.

b. Le retournement des années 1980

La part du capital dans la VA devient trop faible à la fin des années 1970 ; l’investissement est découragé et le ralentissement de la croissance économique vient accentuer cette situation. Les embauches se font plus rares, l’inflation est forte et le chômage va augmenter. Ce chômage, qui devient rapidement un chômage massif, met les entreprises en position favorable pour diminuer la progression des salaires dans la VA ; le rapport de force s’inverse et les syndicats sont obligés de diminuer leurs revendications devant l’ampleur que prend la crise. Ce partage se fait donc souvent de manière conflictuelle, grèves pour les salariés, menaces de licenciement de la part des entreprises, ainsi que de délocalisation pour la période actuelle.

c. Des enjeux de politique économique

Les gouvernements doivent souvent gérer ce problème de partage de la valeur ajoutée. Ce sont des choix de politique économique. Au début des années 1980, pour rétablir les bénéfices des entreprises et relancer les investissements, le gouvernement décide de mener une politique de rigueur : la progression des salaires est bloquée, on fait baisser l’imposition des entreprises, ce qui va faire augmenter la part des bénéfices. Aujourd’hui, beaucoup de salariés se plaignent d’avoir des salaires qui ne progressent pas alors que les grandes entreprises françaises font des bénéfices record et que les dividendes des actionnaires augmentent fortement. Un partage de la VA trop en faveur du capital risque de déstabiliser la consommation des ménages, principal moteur de la croissance économique. Inversement, des revendications salariales trop fortes vont pousser les entreprises à délocaliser ou à substituer du capital au travail. Il est à noter que l’intervention de l’État est limitée sur les salaires ; il ne peut ajuster que le niveau du SMIC et les traitements de fonctionnaires. Pour rétablir une certaine équité dans le partage de la VA en faveur des salariés, il ne peut intervenir largement qu’à posteriori par l’impôt et la redistribution des revenus ce qui est assez impopulaire aujourd’hui…

L'essentiel

Le partage des richesses produites est donc source de conflits entre les salariés qui touchent une partie de la VA pour leur travail sous forme de salaire et les entreprises qui ont les bénéfices comme rémunération des capitaux investis. L'État, qui touche aussi une partie de la VA sous forme d'impôts, taxes et cotisations sociales, doit arbitrer ce partage Pendant les Trente Glorieuses, ce sont plutôt les salariés qui étaient gagnants, mais aujourd'hui à cause du chômage, les salaires sont plus faibles et les bénéfices progressent ce qui pose des problèmes de pouvoir d’achat. L’État intervient de moins en moins pour corriger les déséquilibres de partage de la VA car ses instruments d’intervention sont limités.

Synthèse visuelle


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